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Amener
quelqu'un à faire en toute liberté
ce qu'il doit faire est finalement moins compliqué
qu'on ne le croit. Il existe aujourd'hui une somme
impressionnante de connaissances scientifiques
sur lesquelles on peut s'appuyer pour influencer
les gens sans même qu'ils s'en rendent compte.
Evidemment, cela s'appelle de la manipulation.
Mais, qu'on le veuille ou non, la manipulation
peut être mise au service des causes les
plus nobles. On peut par manipulation amener quelqu'un
à s'aliéner dans une secte, comme
on peut par manipulation amener quelqu'un à
conduire plus prudemment, à dévorer
les auteurs au programme du bac, à s'investir
dans le boulot, etc. Ces connaissances relèvent
de la psychologie de l'engagement. Elles sont
au coeur de ce livre qui illustre leurs applications
dans des domaines aussi variés que la formation,
la lutte contre les accidents de travail ou contre
le Sida, le management, le marketing et même
la thérapie.
(...)
Au carrefour des sciences de l'homme et de la
vie, la psychologie sociale a développé
un domaine propre : celui de la communication,
des représentations sociales, de la dynamique
des groupes, des émotions collectives et
des idéologies. Cette collection présentera
des ouvrages français, européens
et américains qui contribuent de manière
originale à la connaissance de ces processus.
Elle vise ainsi à marquer la présence
et l'identité de la psychologie sociale
dans le champ intellectuel. |
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Il
en va de la manipulation comme il en va de la
langue d'Esope. Elle peut être la pire et
la meilleure des choses. En effet, et aussi étonnant
que cela puisse paraître, elle peut être
mise au service des causes les plus sombres comme
des causes les plus nobles. Qu'on le veuille ou
non, on peut, par manipulation, amener une personne
à brûler ses vaisseaux et à
s'aliéner dans une secte, mais on peut
aussi bien par manipulation rendre quelqu'un honnête,
serviable, généreux, responsable...
Les ressorts psychologiques sont strictement les
mêmes dans les deux cas. La sagesse populaire
nous dit : "Qui vole un oeuf, vole un boeuf."
En l'occurence, elle ne se trompe pas. Dommage
qu'elle oublie, en même temps, de nous dire
: "Qui donne un oeuf, donne un boeuf",
histoire de ne pas voir le monde que par un côté
de la lorgnette. Ces ressorts qui tantôt
nous font glisser sur la mauvaise pente et tantôt
nous aident à la remonter, on les connaît.
Ils relèvent de la psychologie
de l'engagement. Leur étude scientifique
commence avec les années 50. C'est dire
la masse de connaissances disponibles aujourd'hui.
Et que nous apprennent ces connaissances qui,
pour sentir un peu la poudre, n'ont guère
été diffusées ? Elles nous
apprennent que, pour transformer les mentalités
et pour changer les comportements des gens, dans
le bon sens ou dans le mauvais, la question n'est
pas tant de savoir choisir ce que l'on va bien
pouvoir leur dire, ses arguments donc, que de
savoir choisir ce que l'on va bien pouvoir leur
faire faire. Oh, d'abord, pas grand-chose, un
petit rien le premier jour, un autre petit rien
le lendemain. Il reste que ces petits riens vont
les conduire, après-demain, à voler
un boeuf, ou à en offrir un, ce qui n'est
pas tout à fait la même chose.
Comme on s'en doute, cette psychologie de l'engagement
sera mise, dans cet ouvrage, au service exclusif
de causes parfaitement respectables : la lutte
contre le chômage, les accidents de travail,
le Sida, etc. On verra aussi qu'elle peut permettre
d'optimaliser des pratiques sociales aussi diverses
que la thérapie, le marketing ou le management.
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Robert-Vincent
Joule est professeur à
l'Université de Provence et
Jean-Léon Beauvois
à l'Université de Nice.
Auteurs de plusieurs ouvrages de référence,
ils étudient les ressorts de
l'influence et de la manipulation. |
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*
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