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le Courrier du Lecteur
Ah si tout le monde peut écrire dans ce journal alors j'en profite pour dire à Gisèle qu'il vaudrait mieux qu'elle se magne de rentrer parce que le chien n'arrête pas de pleurer et qu'elle nous manque beaucoup. Surtout au petit qui attend après elle pour changer ses couches.
Je t'en supplie Gisèle, depuis trois jours ça commence à fouetter sérieux.
Ne nous abandonne pas!!!
Et tiens, en rentrant tu feras un crochet par Félix Potin pour ramener un litron de rouge et un paquet de chips. Merci
... Oui, merci au journal de me laisser la place de ces quelques lignes. Et si par hasard, un de vos lecteurs reconnaissait ma bonne f..., ma femme, qu'il lui transmette ce message.
A coups de pompes dans le cul s'il le faut!
Ah oui, pour la reconnaître: elle porte un tablier rouge à petits carreaux, un fichu sur la tête et la paire de pantoufles que je lui avais offert le jour de notre mariage.
 
Chroniques diffusées sur Clapas
entre juin et decembre 92
Nous sommes en direct de votre supermarché préféré:
Le petit chaperon rouge gagne une galette et un petit pot de beurre
Nous vous rappelons que le Petit Poucet attend toujours ses parents au rayon boulangerie
La petite Marianne attend le 14 juillet pour se faire un pétard
Quant aux trois petits cochons qu'ils prennent bien garde que je ne les attrape!
 
septoc92-Maigrelot
(ROMAN-extraits)
 
Début:
A la 125° page, vous apprendrez le nom de l'assassin.
Alors pourquoi perdre autant de temps? Pour vous le temps de lecture, pour moi celui de l'écriture.
Commençons d'emblée par cette 125° page et, plus précisément, par la fin de notre histoire. Ce n'est pas un effet de style, juste le désir sain d'économiser et notre temps respectifs et du papier qui, comme chacun sait, est devenu particulièrement cher. De surcroît, cela me permettra de mentionner "roman écolo" sur la couverture ce qui est un argument très vendeur.
A la dernière ligne de ce magnifique ouvrage -comme dira la critique, je n'en doute guère (1)- nous écrivons donc: "l'assassin c'était Marcel!"
Et toc, ça c'est envoyé. Et ne croyez pas que je dise ça à la légère; j'ai les preuves!
Et oui, car dans un excès de colère (vous noterez à ce propos combien a colère est toujours en excès) Marcel a précipité dans le vide, par la fenêtre de son trente et unième étage, la pauvre victime que, pour l'occasion, nous appellerons Raoul.
Non pas qu'il s'agisse de son véritable patronyme (je crois d'ailleurs qu'il se nomme Alfred en réalité) mais pour les commodités de l'histoire et, surtout, parce que Raoul rime -riche!- avec Kaboul.
De toute façon, puisque personne n'a pu lire les pages précédentes, je ne vois pas qui se risqueraient à me contredire.
Et d'autant plus que l'Auteur c'est moi! (2)
Etudions à présent les rapports entre Raoul et Kaboul et, disons le tout net: il n'y en a pas! Pas l'ombre d'un morceau d'une crotte. Raoul n'est pas né à Kaboul, ne connaît personne à Kaboul et n'y a même jamais foutu les pieds. Je ne serais d'ailleurs pas étonné, inculte qu'il est, qu'il ne sache même pas que ça existe. Tout au plus confond-il avec Cabourg et encore.
On constate donc qu'il n'y a aucun rapport, fut-il le plus lointain, entre Raoul et Kaboul, si ce n'est la rime en "oul". Autrement, on aurait pu tout aussi bien, l'appeler Roger, Antoine ou Alfred. Ce qui lui aurait sûrement très bien convenu, puisque, je vous l'ai dit précédemment, c'est son véritable prénom.
Quoiqu'il en soit, vu l'état dans lequel il se trouve à présent (trente et un étages, ça laisse des marques... surtout sur la chaussée) ce n'est pas lui, non plus, qui viendra me chipoter.
 
à suivre...?  
 
ICI LE SURPLACE:
REPORTER: - oui tout à fait... je suis donc arrivé depuis ce matin à l'entresol de ce petit bistrot où j'observe une file d'attente qui ne cesse de s'allonger... Je en résiste pas à la tentation de vous livrer, à cru, quelques réflexions de ces gens dont la plupart commencent à s'impatienter sérieusement... Madame? Vous attendez depuis longtemps?
UNE DAME: - Oh, je pense bien, ça fait au moins vingt minutes que je suis là et, franchement, ça commence à bien faire
UN MONSIEUR: - ah mais pardon madame, il me semble que j'étais avant vous
REPORTER: - Oui comme vous l'entendez sûrement, quelques dissensions se font jour à présent... je vais tenter à présent de m'approcher de la porte close qui est à la source de ecs énervements...
UN VIEUX: - Hola, à la queue comme tout le monde!
 
UN JEUNE: - Y en a qui manque vraiment pas d'air
REPORTER: - Ne vous inquiétez pas, je ne triche pas... C'est juste pour mon enquête.
UN MONSIEUR: - C'est inadmissible ça fait plus d'un quart d'heure qu'elle s'est enfermée
UNE DAME: - Elle a sûrement des coliques
UN MONSIEUR: - Depuis le temps, elle a du se vider complètement
UN JEUNE: - Moi je dis c'est une droguée... Elle est train de se faire sa piquouze!
UNE DAME: - En tout cas, ça pue sacrement
LE BARMAN: - Ce n'est plus supportable, j'appelle un serrurier
UN VIEUX: - Attendez, j'entends un bruit... Oui, ça y est elle tire la chasse, elle va sortir
TOUS: - Hourra!
REPORTER: - En effet, il semblerait que les WC vont bientôt se libérer, quelques signes ne trompent pas... et c'est un énorme soulagement qui va suivre cette pénible attente. C'est à ce genre de petits détails qu'on comprend véritablement le problème des sans-papiers et il serait bon que nos dirigeants se retrouvent de temps à autre, la crotte au derrière pour ressentir réellement ce que c'est que se trouver au bout du rouleau. Peut-être ainsi oseraient-ils, enfin, prendre le problème à bras le corps et retrousser les manches pour y mettre les mains. Je vous rends l'antenne,
à vous les studios!  
 
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