Voir aussi:
les ressources humaines
sur les "partenaires" sociaux
des licenciement aux "plans sociaux"
 
 
  Comment on est passé des « cotisations » aux « charges » sociales:   >> revenir au Sommaire  
 
La constitution d’une Société n’a rien de naturel. Au contraire, c’est précisément pour lutter contre les aléas d’une Nature cruelle et impitoyable que ce sont constituées des collectivités humaines… une société. (1)
Le mot prend d’ailleurs racine dans le latin «socius» qui se traduit par «compagnon». Littéralement, «celui qui partage le (son) pain»
Il apparaît donc que la constitution d’une société implique de mettre certains individualismes de coté afin d’œuvrer pour un Bien Commun.
Ce que d’aucuns transcrivent également par «solidarité», de «solidum» qui en latin (encore !) signifie «pour le tout». Le dictionnaire [Larousse, en l’occurrence] nous en donne cette définition: «qui est ou s’estime lié à quelqu’un d’autre ou à un groupe par une responsabilité commune, des intérêts communs»
Le corollaire de ces «intérêts communs» étant la mise –en commun!- des dépenses inhérentes à cette réciprocité.
Ainsi, notre systeme social, dans le but d’une répartition plus égalitaire des fruits du travail (sic!) a cru bon de suggérer que toute personne liée au monde du Travail (notez la majuscule) soit mise à contribution (2) afin de garantir une caisse solidaire à ceux qui s’en trouverait privé (de Travail, pas de caisse!)
C’est ce qu’on a nommé «cotisation sociale»
Etymologiquement, «cotisation» nous renvoie donc à «quote-part» [«quota-pars»], c'est-à-dire la somme versée par chacun pour participer à une dépense commune. Ici, une (vague) protection sociale.
On retrouve ce terme en Droit et défini comme tel : «part d’impôt que chacun doit payer». L’Impôt, quelque soit son niveau de popularité nous a toujours été présenté (de tous temps et dans toute société) comme un prélèvement obligatoire effectué pour subvenir aux dépenses d’intérêt général. Que l’on doute ou non de son bien fondé relève d’un tout autre débat.
 
 
 
 
Il est donc troublant de constater le détournement sémantique opéré ces dernières décennies en remplaçant ce terme par celui –ô combien plus contraignant!- de «charges sociales»
Par ailleurs là où la cotisation relevait d’une dimension morale, la charge prend un caractère physique.
De fait, ce terme participe d’un tout autre champ lexical.
Ne charge-t-on pas la mule ?
Le dictionnaire explicite ainsi ce vocable: «ce qui pèse matériellement et moralement sur quelqu’un». (3)
Etre à la charge de quelqu’un signifie «dépendre totalement de lui pour (ses) besoins matériels»
On voit comme l’idée d’interdépendance que suggérait la « cotisation s’est vue substituée par cette notion beaucoup plus… lourde, de dépendance à sens unique.
Ce qui, en conclusion, nous renverra au verbe «charger». Ce dernier prend sa source dans le latin populaire «carricare», lui-même issu de «carrus», le char. Il s’agit ici de «mettre quelque chose de pesant sur un véhicule». Tout est dit.
Mais qu'on y prenne garde: on charge aussi les cartouches dans un fusil !
   

(1) - Il en existe aussi chez les animaux, mais c’est une autre histoire
     
(2) - De « con-tribuer » tribut en commun
     
(3) - (on remarquera au passage comment la contrainte sur le groupe se déplace insidieusement sur l’individu)  
 
 
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