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Toutes cependant se rejoignent pour définir un cadre qu'on
respecte ou qu'on outrepasse.
Issu du latin "licentia", traduit par "permission",
le mot renvoie à "lice", du francique, qui décrit
une fortification; la palissade de bois dont on entourait les places
ou les châteaux fortifiés. Ainsi que le terrain clos
qui servait aux tournois et aux joutes. Dans tous les cas, un "lieu
clos, une enceinte, une clôture qui protège de l'extérieur
et définit le cadres d'un intérieur. De là à
supputer une parenté avec le latin "lex, legis",
la loi, il n'y a qu'un pas… que je ne peux hélas m'autoriser.
Bien que soit indéniable la parenté avec "licite"
et "illicite".
Il n'en demeure pas moins que le "licenciement" est une
rupture de contrat, donc de cadre, à l'initiative de l'employeur,
celui qui a établi le dit cadre. Qu'il soit individuel ou collectif,
motivé pour des raisons professionnelles ou purement économiques,
le résultat reste le même, l'employé est foutu
à la porte, viré du cadre, sorti de l'enclos.
Le dit licenciement n'a rien de licencieux (du latin "licentiosus",
lui-même provenant de "licentia" qui signifie "liberté",
soit l'exact pendant de la "permission" sus citée.
(1)
En revanche, le terme, véhiculé par les nombreuses délocalisations
qui ont émaillées ces dernières décennies
et mis plusieurs milliers (millions?) de personnes à la rue,
a fini par avoir mauvaise presse. D'où la nécessité
pour les pouvoirs économiques (pléonasme?) de rhabiller
la terminologie par des termes plus convenables.
Après un brève tentative de "dégraissage"
dont on perçoit tout de suite le caractère péjoratif,
(un ministre de l'Education voulant "dégraisser le Mammouth"…
et l'impopularité qui en a découlé) il est venu
à l'esprit de quelque cerveau fécond (et ça n'est
pas un gros mot!), la formule de "plan social" qui, comme
on s'en doute, est un double leurre.
D'abord par ce premier mot de "plan" qui –si l'on
dépasse sa première définition qui est la "représentation
graphique, en deux dimensions, d'un ensemble de constructions, d'un
bâtiment, d'une machine" (2)-
pour s'attarder sur son second sens qui désigne "un projet
élaboré dans une optique de développement",
on s'aperçoit qu'il n'en est rien. Tout au plus parlera-t-on
de "tirer des plans sur la comète". De fait, il n'y
a pas l'ombre d'un plan dans cette révocation de personnel.
Et si développement il y a, celui-ci se limite à l'expansion
du portefeuille des actionnaires au détriment de prétendues
"ressources humaines" (3) |
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Attardons-nous à présent
sur la seconde partie de l'expression, le vocable "social".
Littéralement, le mot détermine ce qui est relatif
à une société (sous entendu, humaine) et prend
sa source dans le latin "sociare", transcrit par "associer".
(4)
On parlera, à ce sujet, de sciences sociales, droit social,
organisation sociale, phénomènes sociaux, travailleurs
sociaux… et j'en passe.
Cependant, et ce depuis l'avènement du "socialisme",
ce terme s'est vu insensiblement réorienté vers "ce
qui revêt un caractère social, qui vise à l'amélioration
des conditions de vie et en particuliers des conditions matérielles
des membres de la société". Ce qui, évidemment,
redevient vrai si l'on prend le jargon "Société"
dans son sens d'Entreprise: en effet, il est bien question d'améliorer
les conditions matérielles de (certains) membres, en l'occurrence
les plus haut placés dans la hiérarchie. Pour ce faire,
il fallait bien un Plan.
Qu'il s'agisse d'un plan de vol (qui a détourné les
bénéfices de la boîte?) ou d'un plan de cuisson
(à quelle sauce serons-nous mangés?), le résultat
est indéniable; les (ex) travailleurs resteront en plan. |
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