On m’interdit le café

chat cafeOn m’interdit le café. Voilà la nouvelle lubie discriminatoire inventée par mes zoms pour me contrarier au quotidien.

Pourtant, jusqu’à présent, nul ne m’empêchait de plonger ma petite patte dans le verre pour en léchouiller le reste de café ou de renifler les fonds de casseroles. Mieux même, ils s’en amusaient, en ricanaient. Mouchodoit disait bien que ça ne devait pas être très bon pour ma ligne mais Grand-Asperge répliquait qu’il ne s’agissait que de toute petite quantité et ils se chamaillaient, ce qui me réjouissait beaucoup. Oh, il m’est bien arrivé quelquefois -malencontreusement, il va de soi !- d’approcher si près du verre que celui-ci -de peur, sans doute- préfère se renverser sur le bureau. Évidemment, on m’en croit responsable et on m’engueule. Mais va expliquer aux zoms que les objets ont une vie propre, ils sont tellement persuadés de maitriser leur environnement.

Crevette à la plage
Crevette à la plage

Ah café, que j’aime ton odeur café ! Ton goût aussi, il faut bien le dire. Et d’ailleurs je le dis, vous pouvez noter. Ces petits grains amers qui craquent sous la dent, qui explosent sur la langue en délivrant dans les narines ce doux parfum d’exotisme… Cette petite poudre brune que je vais renifler jusque dans les encoignures du carrelage.
Hélas, le paquet est toujours planqué dans le petit placard de la cuisine et je ne connais pas le code pour l’ouvrir. Heureusement, il arrive que la porte soit accidentellement restée entrouverte et je profite alors de cette occasion pour traîner le paquet de café au beau milieu de la cuisine où je le déchire allègrement. Je gobe le moka avec une certaine avidité qui me laisse à penser que ce produit contient quelque chose que je qualifierais de dopant.
Et voilà que du jour au lendemain, on veut me priver de ce petit plaisir quotidien. Depuis que je ne sais quel crétin a écrit sur l’Internet que le café n’était certainement pas bon pour les chats, voilà qu’on me le supprime. Sans autre forme de procès.
Mais s’il est vrai que la café est une drogue,  quelqu’un a-t-il seulement pensé à ma période de sevrage ?

Il m’appelle Fillette

olympe chatIl m’appelle Fillette
Parfois même il dit: « Mais où qu’elle est ma fifille ? » ou « Oh mais la voilà ma mimine » ou encore « Mais c’est qu’elle est là ma fifine » … et autres niaiseries du genre que la pudeur et la décence m’empêchent ici de répéter ?
Non mais quoi, il se prend pour mon père ?
Je ne voudrais pas le décevoir mais un minimum de morphopsychologie lui démontrerait aisément que nous n’avons que bien peu de caractéristiques en commun. Ouvre les yeux, mon vieux: j’ai belle fourrure et poil luisant, alors que tu as le crâne coiffé en peau de fesse. J’ai charmant minois et allure gracile quand tu trimballes silhouette dégingandée et démarche pataude. J’ai longue queue droite et touffue quand tu… Ouais bref, pas besoin de faire un dessin. Qui se déplace élégamment et avec légèreté sur ses quatre pattes menues et qui pose ses deux grosses godasses lourdingues ? Non vraiment, y’a pas photo !
On va pas s’abîmer en comparaisons puisque « copain ne vaut pas raison », comme disait Sainte Minette, qui avait le chic pour ramener sa fraise en toute occasion.
Et il serait inconvenant de ma part de pousser plus loin le parallèle. Non, non, n’insistez pas. …Mais non, n’insistez pas vous dis-je !!! … Bon d’accord, alors juste un dernier détail. Posez-moi sur cette étagère. Oui, celle-ci, toute encombrée de vieux livres poussiéreux et de bibelots fragiles -oui, là, c’est bon, posez moi !- et voyez maintenant comme je la traverse élégamment. Sans rien faire tomber. Cela s’appelle la grâce et c’est totalement naturel. À présent, mettez n’importe quel zumain dans une nautomobile. Et voyez comme il s’emplafonne dans le premier platane venu. Ou pire, dans un second zumain lui aussi embarqué dans une semblable carcasse de métal à roulettes mais d’une provenance inversement contrariée.

crevette jardin miniminette
Ah comme j’étais jeune !

Alors, loin de moi d’user à présent d’une mauvaise foi qui ne me serait pas coutumière mais c’est à ce genre de petits signes qu’on voit la supériorité de la gent féline. Je suis une fort jolie minette tandis qu’il n’est qu’un zumain mal fini. Mais je ne veux pas briser ses illusions et me sens bien obligée, par moments, de lui manifester quelques gratifications pour cette main qui remplit ma gamelle et me caresse, qui filtre ma boite à caca et m’offre de son yaourt. Pas forcément dans cet ordre, d’ailleurs.
De là à dire que j’élève mes zumains pour un simple intérêt pratique ou financier, ce serait raccourcir ma pensée de nombreuses nuances que je n’ai malheureusement pas le temps d’expliquer ci-dessous, mais, parmi lesquelles je distinguerais cependant la complicité inter-espèces et l’entente mutuelle. Oui, les zoms peuvent -parfois- être d’agréables présences voire des jouets intelligents et ajoutons pour automne chat aliceconclure que leur compagnie reste néanmoins charmante et distrayante et qu’ils ne sont pas tous ces bêtes stupides et violentes que nous dépeignent les « Mémoires des Vieux Matous »… mais il reste parfaitement inopportun de se plier à ces jeux de l’affection qu’ils semblent apprécier tout particulièrement mais qui froissent nos nobles fourrures.

Ma photo dans MatouMag’ !

chatteActuelle2J’ai ma photo dans MatouMag’ !
Regardez, j’invente pas: je fais la couv’ de « Chatte actuelle ». Y a même ma bobine en première page. Et force est d’avouer que je suis particulièrement belle. Non, non, ce n’est pas ma faute, la nature m’a ainsi faite et je ne m’en vante guère. C’est un simple constat et notez que je n’accable point les moches. Ils ont déjà suffisamment de soucis sans que je ne les décourage davantage, d’autres le feront à ma place. Et si Grand Matou les a crée de la sorte, c’est qu’IL a surement de bonnes raisons. N’y revenons plus.

J’ignore pourquoi cet intérêt soudain des journalistes à mon égard mais je constate qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.

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Pour Cat’s at Choc », mon émouvant témoignage sur l’affection contagieuse

Il était temps, somme toute, que le monde sache que j’EXISTE et que je suis, sans doute, la « 1° minette starlette du net ». C’est ce qui m’a séduite dans le discours du rédacteur de « Cat’s at Choc », -le mag in de la gent féline et que tout matou digne de ce nom, parcourt en douce, le soir dans son couffin- cette façon de deviner tous mes talents cachés. Il s’est  vite aperçu que ma beauté n’était pas mon seul atout et s’est montré fort impressionné par la fulgurance de mon intelligence hors-norme et la pertinence de mes propos. Un homme de gout, assurément.

ValeursFelines
Pour « Valeurs félines » c’est moi qui écrit les articles

Pour « Valeurs félines », c’est, je crois, mon histoire qui les a séduit. Je leur ai tout raconté, tout déballé: sans gène, sans fard et sans honte: mon enfance misérable, les terribles tragédies qui m’ont régulièrement accablées et mon opiniâtreté à toujours m’en sortir par le haut. Comment par exemple, j’ai dû dévorer mon jumeau dans l’œuf pour assurer mon existence. Comment mon père nous a honteusement abandonnés à la naissance et autres tragédies horribles et inqualifiables… mais tellement photogéniques. Évidemment, il faudra que je me souvienne ce que j’ai raconté pour ne pas faire de gaffe la prochaine fois, car, vous n’en doutez guère, j’ai raconté tous un flot de niaiseries dans le seul but de répondre à leur demande de sordide et de sensationnalisme.

Même pas faim !

J’ai –encore– renversé mon bol de croquettes !
Non, non, ce n’est pas un accident. Franchement, me croyez-vous suffisamment gauche pour le renverser tous les matins ? Vous contenteriez-vous bêtement d’y voir les traces d’une sénilité avancée ?
Non, décidément non, ils n’arrivent pas à comprendre que je le fais exprès, qu’il existe une raison à mon geste et je n’hésiterai pas à dire, une bonne raison.
Mais tout ça, évidemment, échappe à leurs perceptions zétriquées de zumains mal finis. Ce manque de subtilité intuitive me navre au plus haut point mais que voulez-vous, maintenant que je les ai adoptés, j’en suis, en quelque sorte, responsable.
Alors, s’il faut vous mettre mon poing sur les lazzi, je tiens à vous informer que la composition de ces croquettes contient près de 0,21% d’additifs, lesquels sont nocifs pour mon pelage que -si vous l’avez remarqué- je m’applique à tenir quotidiennement soyeux. Serait-ce une sournoise atteinte à mon élégance naturelle ? J’y décelé également, jusqu’à 0,9% de conservateurs. Et il me semble avoir lu quelque part que trop de conservateurs font conserve.
Bref, c’est pas parce que je réclame des croquettes que je dois forcément les manger !

Parfois, c’est juste pour faire joli dans mon assiette. Je sais ma pitance assurée et cette seule pensée suffit à mon bonheur.
Enfin, pour ce qui est de la première demie-heure
Parce que le problème, c’est que ça sèche, ça durcit, ça racornit… et ça devient vite immangeable. Du genre beurk de la maison Beurk !
Et vous me connaissez, il est hors de question que j’avale une nourriture frelatée. C’est d’ailleurs marqué sur la boite: pas plus de 12 heures à l’air libre. Bon, moi j’ai pas trop la notion du temps -une journée ou une heure, c’est un peu la même chose-  mais, je vois bien qu’elles ont une sale tête ces croquettes, une méchante tronche de plus de douzeurs à . Elles me regardent de travers avec leurs petits yeux sournois et j’aime pas trop ça. Allez tiens, un petit coup de patte sur le bol et je te les envoie valdinguer. Si avec ça mes zoms ne pigent pas, c’est à désespérer du genre humain.

crevette a l'ordi
Regardez pas le fouillis, mes zumains n’ont pas rangé

(…) Et puis, pour être parfaitement honnête, j’ai repéré, dans le frigo, un petit morceau de poisson qui ferait bien mon affaire. Oh pas bien gros mais… tellement beau ! Et convivial avec ça; je l’entends qui m’appelle et me parle. Je sais qu’il m’attend et, dès que la porte est entrouverte, j’essaie d’y pénétrer pour saluer ce charmant poisson. En tout bien tout honneur, soyez-en surs. Mais, y a toujours un bras de mon zumain pour me rattraper avant que je n’atteigne le bac à légumes. Avec ses longues pattes, le rapport de force est franchement déséquilibré.
Heureusement, dans sa carapace de fer blanc, mon poisson est à l’abri mais je n’ignore pas que viendra ce jour où l’un de mes zumains le sortira et plongera une lame d’acier dans sa carapace pour mettre le poisson à nu. Et  vider la boite dans une assiette.

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Pour obtenir un morceau de poisson, prendre son air le plus attendrissant

Alors, ce jour, tout en pleurant sincèrement cette éphémère amitié, je ne manquerai pas de suçoter les arêtes de cet amour arrêté, les restes que me refileront mes zoms ou que j’irais piquer dans leur assiette. Ce sera mon ultime hommage à la gent poissonnière.
Mais, dans l’attente de ce Grand Soir, va-t-on ainsi continuer à nourrir nos amies les bêtes avec des boites de N’Importe-Quoi© quand il y a de si bonnes choses dans le frigo ? La Solidarité Numaine ne pourrait-elle pas m’en filer un morceau ?

Zut… mon trésor !

crevette leche cheveux
Chaque matin, je dois laver la tête de mon zumain !

Zut, il a trouvé mon trésor.
Oh, pas grand chose, un modeste butin: trois stylos, deux bouts de gomme, quelques morceaux de laine grattée sur la couverture du lit, une capsule de bouteille de lait, quelques billes dont une cassée; dix-huit pinces à linge et le joyau de ma collection: un joli trousseau à clés avec sa petite languette de cuir qui pendouille. Autant de petits trésors, chipés au quotidien, tant sur la table de chevet de l’un que dans le bureau de l’autre. Mais n’allez pas croire que je barbote tout ce que je trouve, ce serait trop simple. Il faut savoir faire une sélection, c’est le principe de la collection. Moi, je préfère ces petits objets qui glissent aisément sur le parquet, qui roulent jusqu’en dessous des meubles. Des petits morceaux de viande, aussi, dérobés incidemment tandis qu’ils étaient à table et qui prennent à présent une jolie couleurs verdâtre, légèrement marbrés de ces filets de vert-de-gris caractéristiques avec de vagues reflets de mousse blanche et de traces crémeuses qui donnent à l’ensemble un avant-goût des toiles de Pollock.
Un chef d’œuvre de l’art gastronomique, assurément.
Heu, je vous parle des bouts de viande évidemment, pas de mes zumains. Eux, ils tirent davantage sur le rouge carmin et le pourpre profond quand ils découvrent mon pactole… Et les voilà qui lèvent les bras au ciel et poussent de grands cris. À les entendre, l’un aurait retrouvé son stylo (comme par hasard), l’autre s’étonne de revoir ses pinces à linge qu’il croyait perdues. Ce que je constate néanmoins, c’est qu’ils font main basse sur mon magot
et se l’accaparent honteusement. Non mais c’est bon, servez-vous. Faites comme chez vous. Les zêtres zumains ont vraiment l’ingérence chevillée au corps.

crevette a l'ordi 2
J’ai l’impression que cet ordinateur me regarde

Et voilà, autant de fabuleux trésors pillés ou massacrés, un saccage qui fait parallèle à la société des zoms et ces temples que des fanatiques religieux n’hésitent pas à détruire parce qu’ils n’honorent pas le « bon » dieu. Si tant est qu’il en existe un bon !

J’adore ce type…

croquis-ChatKitty2J’adore ce type 
Bon, ce n’est toujours qu’un zumain avec tout ce que ça comporte d’imperfections et de petites insuffisances, mais, depuis que j’ai croisé son travail sur le boulevard du Net, je dois admettre qu’il a une certaine patte… et un bon coup de griffe.

>> Chat déguisé (Octobre 2010 – 80 x 120 cm)

chat déguisé en MickeyIl faut quand même que je vous dise, le barbouilleur se nomme Jérémie Baldocchi et se décrit comme suit: « J’ai toujours été attiré par les extrêmes, ne pas « aimer » mais plutôt « adorer », les choses « immenses » et non pas simplement « grandes » (…) Au début je dessinais beaucoup de personnages extrêmement maigres puis ils se sont mis à grossir à l’inverse de moi. La plupart d’entre eux sont énormes et c’est comme eux que je perçois mon propre corps. »

>> Chat déguisé en Hello Kitty (Janvier 2012 – 116 x 81 cm)

Chat dégusié en Hello KittyEt notre brave zom de poursuivre: « Je suis influencé par des artistes tel que: Voutch, Francis Bacon, Mark Ryden, Valerio Adami, Lucian Freud, Jean Rustin, Ray Caesar ou encore Leigh Bowery. » Force est de constater ses solides références et je vous parlerai prochainement d’un chat de Picasso que je viens d’acquérir. Mais revenons à nos moutons… heu, à notre bonzomme catophile.

>> Chat de soirée (Février 2015 -73 x 60 cm)

chat en tenue de soireeSelon notre badigeonneur en chat-ef: « L’art est fait pour poser des questions aux gens, les faire réfléchir ou tout simplement être décoratif. Pour ma part j’ai juste envie que mes peintures fassent sourire (…) que les couleurs vives de mes toiles rendent les gens heureux. » Poil à la queue, par les Moustaches du Grand Miauleux, je n’aurais pas dis mieux !

>> Chat emballé (Juin 2015 -73 x 60 cm)

Chat emballéJ’ai eu un certain mérite à découvrir cette dernière toile que le peintulureux avait tenté de me dissimuler. De fait, il n’était pas regroupé avec l’autre série… sous le vague prétexte que « Ce tableau fait partie des petits formats que je faisais dans les premières expositions pour me rembourser mes frais. (…) les petits formats ainsi que les animaux partaient très vite (et) j’étais sur de tous les vendre… »  

>>  L’Envie (Avril 2006 -20 x 30 cm)

Chat L’EnvieIl publie également, sur la page de chaque œuvre, les croquis préparatoires et ça me rappelle étrangement les griffures que je pratique dans le jardin. Serais-je moi aussi, une grande artiste qui s’ignore ?

croquis-Chat emballécroquis-Chat L’Envie

croquis-ChatKitty2croquis-ChatKitty1  croquis-chatMickey

Vous découvrirez son site via ce lien: Jeremie Baldocchi

PS: Si vous avez pensé à cliquer sur les diverses images vous aurez eu la chance de les découvriren plus grand format afin des les mieux admirer.