Ils sont là, pépères, écroulés devant le poste, doigts de pieds en éventail, à mater les nouvelle aventures de « Derrick à la plage ». Et moi, pauvre Minette, je n’aurais pas l’droit de participer à la fête?
– « Dégage, t’es trop grosse », se moque Grand-Asperge
– « Et t’es pas transparente », surenchérit aussitôt Mouchodoit.
Alors, voilà: parce que je suis un chat, je n’aurais pas accès aux merveilles de la boite à images, à tous ces programmes épatants et pédagogiques ? ces merveilleuses émissions où se débattent ces pauvres bêtes à deux pattes. C’est quand même dingue cet ostracisme. Et inquiétant de constater la progression de cette xénophobie rampante. Aujourd’hui les matous… Et demain ?
C’est bien les zumains, ça: plaider pour de grandes idées humanistes et généreuses mais qu’ils sont incapables de s’appliquer.
Oh mais, je les entends bien qui pestent et grommelent dans mon dos. Qui m’exhortent à partir en invoquant des noms d’oiseaux. Si je dérange, dites le tout de suite ! Je ne serais même pas surprise que l’un d’eux s’abaisse à m’envoyer une savate ou quelque projectile.
Et tout ça parce que je suis DEVANT l’écran.
Enfin, ne suis-je pas plus sexy que ce vieux Derrick ? Comme s’il n’y avait rien de plus grave au monde.
Vous confierais-je ici, mes soupçons d’une potentielle myopie qui m’oblige à coller mon museau sur l’écran pour voir bouger les images. Même à 20 cm du tube, ce brave inspecteur continue de m’apparaitre flou et indéfini… avec quelques reflets verdâtres qui rappellent ces traces de moisi que je découvre parfois sur la palissade du jardin. Un vrai délice !