Façons de parler

« Krevette ! »
…Krevette ! …Krevette !

…À force de les entendre répéter toujours ce même mot, j’ai fini par comprendre qu’ils s’adressaient à moi, que c’était une façon pour eux de m’inviter à les rejoindre, de m’appeler. Un peu comme s’ils avaient eu cette idée de m’affubler d’un patronyme, au même titre qu’eux. Après tout, comment pourraient-ils savoir que je me prénomme SkrgZNbchUiif puisque je ne leur en ai jamais rien dit ?
Et sauraient-ils seulement, le prononcer correctement ?
Quoiqu’il en soit, j’ai remarqué, chez les zumains quelques curieux gargouillements et borborygmes singuliers qu’on pourraient bien nommer des rudiments de langage. Un semblant d’expression, certes en rien comparable à notre communication odoriféranto-miaulesque, mais qui pourrait être le signe d’un début de civilisation. J’ai d’ailleurs repéré d’autres signes qui plaideraient en ce sens.

crevett&Bê-02

Après tout, je n’ai que trois mois. Mais, le lieu ne me déplait pas et je compte bien m’y installer durablement, j’aurai l’occasion donc, largement, de les examiner plus longuement.

Par exemple, j’ai compris qu’eux mêmes, à défaut de se renifler,  se donnaient des petits noms pour se reconnaitre. Grand-Asperge par exemple, s’appelle Bernard alors que Mouchodoit se prénomme -en réalité- Stéphane. Ce sont mes colocataires et il faudra que je vous explique, un de ces jours, pourquoi je leur ai trouvé ces sobriquets.

Y m’pique tous mes jouets

Hier, c’était ce machin tout mou et blanc que j’avais récupéré dans son tiroir. Je lui trouvais cet avantage certain de se laisser accrocher à mes griffes suffisamment pour que je puisse le jeter en l’air et le rattraper avant qu’il ne touche le sol. Un truc de ouf… mais il faut être matou pour comprendre. En vérité, plus un équipement sportif qu’un simple jeu, croyez-moi. Bah non… confisqué!

30° sous l'échelle de Krevette

Aujourd’hui, il ramasse ce truc que j’avais déniché sur son bureau. Un tube long, transparent, en plastique d’une petite vingtaine de centimètres, qui n’a pas vraiment d’autre utilité que de rouler extrêmement bien sur le carrelage de la cuisine et change de direction dès que je lui file un coup de patte. Mieux encore, en appuyant sur la pointe la plus fine de l’objet, je puis le faire s’envoler et, là encore, le rattraper au vol dans un de ces gracieux vol-planés dont j’ai le secret. Un très beau jouet assurément qu’on supposerait fait -exprès-  pour moi. Ils appellent ça un stylo, je crois.

Bon, ok… j’accepte qu’il le reprenne sous prétexte qu’il s’en sert. J’avais pas remarqué mais il semblerait que lorsqu’il en presse le bout, il en fait couler une sorte de jus bleu qu’il dépose sur une feuille de papier. Et il est très fier de ses barbouillages. Tous ces signes bizarres pour raconter sa vie. C’est pas que ce soit très passionnant mais bon, j’admets qu’il s’amuse lui aussi, y a pas de raison. N’empêche que la gomme, il n’en n’a pas besoin. Alors, pourquoi je ne peux pas jouer avec ?

Chat… perçu en ligne

au greffier inconnu

Oh, il n’est pas de ma famille, je ne le connais même pas mais j’ai trouvé qu’il avait une bonne bouille ce jeune greffier. Et, pour tout dire, je le trouve même très plaisant.

Alors, Minet Inconnu, si tu captes mon message n’hésite pas à me répondre.

Je teste…

Krevette au jardinBah ouais, j’ai fais cette première page à l’arrache, vite faite d’un petit coup de patte. Pour voir comment ça marche, pour comprendre le truc, tu vois. J‘essaie les paramètres, je teste les différentes options.

Moi, c’est la première fois que je rédige un blog (et je suis peut-être le seul chat sur la Toile ?) aussi faudra-t-il m’excuser si la mise en page est quelquefois bancale. Notamment, je n’arrive pas à piger pourquoi mes articles ne se rangent pas dans l’ordre que je souhaite et, surtout, dans les rubriques correspondantes. Au lieu de cela, c’est un foutoir pis que ma litière. Il faudra s’y faire.

Par contre, je tiens à souligner que je m’appliquerais à une orthographe correcte… ce qui n’est pas le cas d’un bon nombre des zumains que j’y côtoie. Ceci compensera cela. Na !

Krevette au Musée

C’est mon coté Artiste, avec un grand Tas…
Krevette au tourbillon d'herbesOui, l’expression instantanée de l’Art sous toutes ses formes crevett 127_Proeditedest, je crois, ce qui motive l’essentiel de mon existence… entre deux siestes… et après ma gamelle, bien sur. Mais, j’y accorde -à peu près- tout le reste de mon temps qui me reste. De toute façon, c’est simple, tout en moi respire l’Art, le vrai, le pur, celui avec un grand Tâche, cette fois. Rien, jamais, ne pourra surpasser la beauté d’un coucher de sommeil entraperçue du fond de la couette, entre deux yeux à moitié roupillonneux. J’aime ces longs moments d’intense réflexion, de profonde inspiration puis d’exacerbation soudaine d’une geste créatrice quasiment incontrôlée et ô combien sublime.

Bon, je reconnais que je m’emporte un peu, que je charge trop dans le lyrisme facile et l’emphase bon marché, mais c’est pour contenter la frange romantique de mon lectorat. Essentiellement poilue, faut-il le préciser.

 

D’ailleurs, c’est pas vraiment moi qui peins ou qui prends les photos, y a toujours un bonhomme derrière l’objectif Krevette à la bassineou le pinceau mais, sans moi, l’Œuvre ne pourrait exister car, je suis l’inspiratrice de cette création. Je suis la Muse. Et chat m’amuse. C’est fou comme le plus anodin de mes gestes prend aussitôt une dimension artistique. Je m’en épate moi-même.

Remarquez, pour être tout à fait honnête, il s’est pas trop foulé l’autre « Grand-Asperge » quand il a traficoté ces quelques photos sur son ordi. Je l’ai vu, j’étais sur es genoux: il a chipé des filtres préréglés sous Photoshop, bidouillé avec deux trois calques et des effets graphiques, tout ça en quelques minutes à peine ou je ne sais plus trop, parce qu’il va trop vite pour que j’aie le temps de prendre des notes. Mais quand même.

Krevette koincée

D’où que viens-je ?

C’est, assurément, la question que vous vous posez tous….

Et devant la pertinence de cette interrogation, je dois bien convenir que moi-même, parfois, je me pose la question.

Krevette réfléchit
« Je ne dors pas je réfléchis ! »

Mais je comprends votre intérêt pour ma petite personne -qui vous en blâmerait ?- et je vais faire en sorte de ne pas vous laisser seul(e/s) avec votre désarroi. D’aussi loin que je me rappelle, petite boule de poils aux yeux encore à demi collés par la salive maternelle de la langue attentionnée mais néanmoins mouillée de Maman Chat qui -pour des raisons qui lui sont personnelles et dont vous voudrez bien nous faire grâce- à préféré garder l’anonymat, petite boite de poule disais-je, nous étions fratrie de quatre ou cinq autres trucs poilus et piaillants, mais néanmoins doux au toucher. Enfin, je dis quatre ou cinq comme j’aurais pu dire trois ou quatre -ou même cinq ou six- voire entre trois et six, je ne sais plus exactement, comprenez-moi, c’est si loin. J’ai déjà TROIS MOIS à moi toute seule. Oh puis, cessez de m’interrompre à tout bout de champ ! Où en étais-je…? Prise en main

Oui. Toute petite déjà, j’étais prédestinée à une vie de rêve et de gloire… mais, mes parents, roi et reine d’un pays lointain mais civilisé quand même, furent affreusement assassinés alors que je n’avais qu’un mois. (Je reviendrais plus loin sur ce dramatique épisode qui a considérablement bouleversé ma petite existence) À peine sevrée, je fus biberonnée un autre mois encore par une brave famille de Deux Pattes qui se relayèrent à mon chevet à tours de drôles, me sauvant ainsi d’une mort certaine.

Je n’étais, somme toute, qu’une pauvre minette orpheline. Ainsi que mes trois ou quatre autres frères et sœurs qui partageaient mon dramatique sort en même temps que mon biberon. Mais le sort s’acharna encore ce triste soir où, caché dans un recoin de la cuisine, j’entendis le Deux Pattes mâle parler à sa Deux Pattes femelle de son sinistre complot. Il envisageait, tout bonnement, de ne garder qu’un seul de nous au détriment des autres. Lesquels seraient immanquablement voués à une mort certaine, vous vous en doutez bien. Oh, rien que le souvenir m’en chavire encore les sangs. Tiens d’ailleurs, je préfère me taire.

Krevette est là

Je sais combien vous attendiez ce blog et je me décide aujourd’hui à vous livrer quelques instants de ma vie …tellement plus passionnante que la votre.

Profitez de cette photo, voyez comme je suis belle et prenez-en de la graine. Si vous êtes sages cependant, je vous enseignerai au fil de ces pages quelques précieux conseils pour imprimer mes photos ou les coller sur le mur de votre chambre. Et profiter ainsi, chaque jour, de mon éclatante beauté. Peut-être finirez-vous par bronzer !