Zut, il a trouvé mon trésor.
Oh, pas grand chose, un modeste butin: trois stylos, deux bouts de gomme, quelques morceaux de laine grattée sur la couverture du lit, une capsule de bouteille de lait, quelques billes dont une cassée; dix-huit pinces à linge et le joyau de ma collection: un joli trousseau à clés avec sa petite languette de cuir qui pendouille. Autant de petits trésors, chipés au quotidien, tant sur la table de chevet de l’un que dans le bureau de l’autre. Mais n’allez pas croire que je barbote tout ce que je trouve, ce serait trop simple. Il faut savoir faire une sélection, c’est le principe de la collection. Moi, je préfère ces petits objets qui glissent aisément sur le parquet, qui roulent jusqu’en dessous des meubles. Des petits morceaux de viande, aussi, dérobés incidemment tandis qu’ils étaient à table et qui prennent à présent une jolie couleurs verdâtre, légèrement marbrés de ces filets de vert-de-gris caractéristiques avec de vagues reflets de mousse blanche et de traces crémeuses qui donnent à l’ensemble un avant-goût des toiles de Pollock. Un chef d’œuvre de l’art gastronomique, assurément.
Heu, je vous parle des bouts de viande évidemment, pas de mes zumains. Eux, ils tirent davantage sur le rouge carmin et le pourpre profond quand ils découvrent mon pactole… Et les voilà qui lèvent les bras au ciel et poussent de grands cris. À les entendre, l’un aurait retrouvé son stylo (comme par hasard), l’autre s’étonne de revoir ses pinces à linge qu’il croyait perdues. Ce que je constate néanmoins, c’est qu’ils font main basse sur mon magot et se l’accaparent honteusement. Non mais c’est bon, servez-vous. Faites comme chez vous. Les zêtres zumains ont vraiment l’ingérence chevillée au corps.
Et voilà, autant de fabuleux trésors pillés ou massacrés, un saccage qui fait parallèle à la société des zoms et ces temples que des fanatiques religieux n’hésitent pas à détruire parce qu’ils n’honorent pas le « bon » dieu. Si tant est qu’il en existe un bon !