C’est, assurément, la question que vous vous posez tous….
Et devant la pertinence de cette interrogation, je dois bien convenir que moi-même, parfois, je me pose la question.
Mais je comprends votre intérêt pour ma petite personne -qui vous en blâmerait ?- et je vais faire en sorte de ne pas vous laisser seul(e/s) avec votre désarroi. D’aussi loin que je me rappelle, petite boule de poils aux yeux encore à demi collés par la salive maternelle de la langue attentionnée mais néanmoins mouillée de Maman Chat qui -pour des raisons qui lui sont personnelles et dont vous voudrez bien nous faire grâce- à préféré garder l’anonymat, petite boite de poule disais-je, nous étions fratrie de quatre ou cinq autres trucs poilus et piaillants, mais néanmoins doux au toucher. Enfin, je dis quatre ou cinq comme j’aurais pu dire trois ou quatre -ou même cinq ou six- voire entre trois et six, je ne sais plus exactement, comprenez-moi, c’est si loin. J’ai déjà TROIS MOIS à moi toute seule. Oh puis, cessez de m’interrompre à tout bout de champ ! Où en étais-je…?
Oui. Toute petite déjà, j’étais prédestinée à une vie de rêve et de gloire… mais, mes parents, roi et reine d’un pays lointain mais civilisé quand même, furent affreusement assassinés alors que je n’avais qu’un mois. (Je reviendrais plus loin sur ce dramatique épisode qui a considérablement bouleversé ma petite existence) À peine sevrée, je fus biberonnée un autre mois encore par une brave famille de Deux Pattes qui se relayèrent à mon chevet à tours de drôles, me sauvant ainsi d’une mort certaine.
Je n’étais, somme toute, qu’une pauvre minette orpheline. Ainsi que mes trois ou quatre autres frères et sœurs qui partageaient mon dramatique sort en même temps que mon biberon. Mais le sort s’acharna encore ce triste soir où, caché dans un recoin de la cuisine, j’entendis le Deux Pattes mâle parler à sa Deux Pattes femelle de son sinistre complot. Il envisageait, tout bonnement, de ne garder qu’un seul de nous au détriment des autres. Lesquels seraient immanquablement voués à une mort certaine, vous vous en doutez bien. Oh, rien que le souvenir m’en chavire encore les sangs. Tiens d’ailleurs, je préfère me taire.